mercredi 16 janvier 2013

La question autochtone

Au Canada, la situation actuelle des Premières Nations est le résultat d'une longue série de traités depuis le début de l'immigration européenne. Ceux considérés par la loi comme étant «Indiens» (terme obsolète, disparu de l'usage depuis longtemps, mais toujours utilisé par l'État pour parler des gens d'origine autochtone) peuvent avoir des droits supplémentaires par rapport aux autres citoyens à condition de vivre dans des endroits nommés «réserves» (un peu comme des réserves fauniques mais pour humains…) où ils sont supposés pouvoir vivre selon leur mode de vie traditionnel.

Je ne suis pas du tout à l'aise avec la situation des gens d'origine autochtone.* En fait, deux choses me dérangent. La première est plus terre-à-terre tandis que l'autre est une question de principes:
  • Je n'aime pas l'idée qu'on laisse des gens vivre dans des conditions dignes du Tiers-Monde (dans les «réserves»);
  • Je n'aime pas l'idée que la loi reconnaisse une différence raciale entre deux catégories de citoyen («Indien» et non-Indien) et qu'elle leur donne des droits particuliers,

Paradoxalement, les «Indiens» ont des droits particuliers légalement mais sont défavorisés dans les faits. C'est sur l'abolition de ces deux aberrations que devraient porter les nouvelles ententes entre le gouvernement et les représentants autochtones. Tous les citoyens doivent être égaux devant la loi et les «liens du sang» ne devraient pas être reconnus. Une sorte de deal comme «On abolit tout statut particulier pour les autochtones et, en échange, voici une série de mesures concrètes que l'on va appliquer immédiatement pour améliorer leur condition». Les réserves devraient devenir des municipalités ou alors des genres de micro-provinces, ou même des cités-États politiquement souveraines (mais ayant plusieurs accords avec le Canada), mais l'abolition des réserves – ou, au moins, de ce nom – me semble nécessaire.

Pour ce qui est de permettre à leurs cultures traditionnelles de perdurer, je pense que cela va de soi. Le Canada d'aujourd'hui est beaucoup moins ethnocentrique qu'à l'époque coloniale. Il se vante de prôner le multiculturalisme. Comme je l'ai dit précédemment, on devrait s'efforcer de séparer l'État et la tradition pour permettre à tous d'exercer en toute liberté ses coutumes et être attentif aux demandes d'accommodements de façon à ce que les lois soient de plus en plus compatibles avec cet objectif. Et comme il s'agit de cultures uniques et menacées de disparition, il importe que l'on prenne des mesures pour les sauvegarder et préserver notre diversité culturelle. Ainsi que je l'ai suggéré dans ma politique linguistique, il pourrait y avoir davantage d'écoles primaires dont les cours sont en langues autochtones.

Je n'ai moi-même pas vraiment de solutions concrètes puisqu'il s'agit d'une question complexe avec nombre de causes historiques et d'implications. Je ne suis pas non plus autochtone ni en contact avec des personnes vivants dans les réserves. Mais les objectifs que j'ai présentés ici me semblent nécessaires.

En conclusion, j'aimerais juste souligner que les descendants des envahisseurs européens ne sont pas «redevables» envers les descendants d'autochtones pour les crimes de leurs ancêtres. La culpabilité n'est pas héréditaire. Je déteste entendre des choses comme «C'est horrible ce que nous avons fait aux Amérindiens il y a deux cents ans!». Non, «nous» n'avons rien fait puisque nous n'étions pas nés. Ce que l'on devrait plutôt se dire, c'est «C'est horrible les conditions de vie dans certaines réserves autochtones en ce moment…» On peut reconnaître les tords qui ont été fait envers les Premières Nations dans l'Histoire sans s'encombrer d'un «nous» historique qui, tant qu'à moi, est aussi absurde lorsque l'on s'approprie la gloire de nos ancêtres que lorsque l'on se sent coupable des atrocités qu'ils ont commises.

Par contre, on peut et on doit s'indigner que, dans le présent, des gens au Canada vivent dans des conditions dignes du Tiers Monde et que c'est notre indifférence face à la situation des gens d'ascendance autochtone qui en est la cause.

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* Même si je ne le fais pas souvent, pour éviter d'alourdir mon propos, nous devrions dire «personne d'origine autochtone» plutôt que «personne autochtone». Est autochtone toute personne qui vît dans le pays où elle est née. La majorité de la population est donc autochtone, se sont ses origines qui sont majoritairement étrangères.

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