dimanche 2 décembre 2012

Abolir la pauvreté

Dans une de mes réflexions précédentes, je vous ai entretenu de mon opinion sur la solidarité sociale. Je la relisais et je me disais que je devrais exposer plus clairement et de façon plus détaillées l'idée que j'y avais exprimée.

Voici donc ce que je propose pour, en quelque sorte, abolir la pauvreté:
  • L'État émet une carte de crédit, disons la carte Solidarité-Québec.
  • Tous les citoyens sont libres d'avoir ou non cette carte de crédit, quel que soit leur revenu.
  • Cette carte n'est utilisable que dans les commerces où l'on retrouve des biens nécessaires pour combler les besoins fondamentaux du citoyen et de sa famille (épicerie, pharmacie, magasins à rayons).
  • Ce mode de paiement est automatiquement désactivé à la caisse du commerçant si la facture comporte ne serait-ce qu'un produit qui n'est pas couvert par la carte Solidarité-Québec (c'est-à-dire, autre que de la nourriture, des vêtements et des produits d'hygiène). Le citoyen doit alors diviser sa commande en deux factures afin d'utiliser un autre mode de paiement pour ses achats non essentiels (alcool, cigarettes, boissons gazeuses, etc.).
  • Il est impossible de retirer de l'argent comptant à partir de cette carte ou de faire un transfert vers un autre de ses comptes. Une personne peut toutefois faire un virement de crédit (ponctuel ou régulier) vers la carte Solidarité-Québec d'un membre de son foyer. Ainsi, l'un peut faire l'épicerie pour toute sa famille.
  • La limite de crédit de la carte est équivalente au montant que l'on estime nécessaire pour les besoins du citoyen pendant deux semaines, sans tenir compte de son salaire mais en considérant le nombre de personnes qu'il a à sa charge et ses besoins particuliers.
  • Un lundi sur deux, l'État se rembourse à lui-même, à la place du détenteur de la carte, le montant qu'il a utilisé.
  • À la fin de l'année fiscale, le citoyen reçoit un genre de T4 qui lui indique combien d'argent l'État a remboursé à sa place sur cette carte de crédit. Il devra donc tenir compte de ce revenu lorsqu'il paiera ses impôts. S'il n'a pas de personne à charge ou de besoin particulier, le citoyen n'a pas à rembourser cette somme lorsqu'il n'a pas d'autre revenu, doit la rembourser intégralement avec ses impôts si son revenu est moyen ou élevé, et n'en rembourse qu'un pourcentage proportionnel à son salaire lorsque son revenu est faible.
  • Toute autre subvention de l'État (bien-être social, assurance-emploi, pension d'invalidité, pensions de retraite, bourse d'étude, etc.) tient compte de l'existence de la carte Solidarité-Québec et est donc réduite de la partie qui servait à payer les besoins fondamentaux de l'individu. Il en va de même pour une subvention qu'un citoyen doit verser à un autre (par exemple, une pension alimentaire).
  • Lorsqu'un mineur à la charge d'une personne inscrite à la carte Solidarité-Québec, atteint la majorité, il est immédiatement inscrit lui-aussi mais sa carte est par défaut configurée pour effectuer un virement automatiquement de tout son crédit sur le compte de son ancien tuteur. Il pourra modifier cela par la suite lorsqu'il quittera le domicile familial.

À cela on ajouterait également une autre mesure distincte pour financer le logement du citoyen. C'est-à-dire que:
  • Le bail devient un contrat entre trois parties: le propriétaire, le locataire et l'État.
  • Le gouvernement s'engage à verser mensuellement au propriétaire une partie du coût du loyer à la place du locataire. Si le logement choisi s'avère moins cher que le montant auquel le locataire a droit, l'État lui paye intégralement mais ne lui donne pas la différence.
  • Ce montant est fixé en fonction d'une estimation des besoins du locataire sans considérer son salaire mais en considérant les personnes qu'il a à sa charge. Dans l'éventualité où une personne doit absolument habiter une ville ou un quartier où les loyers sont plus chers, on pourra lui autoriser un montant plus élevé mais seulement si elle emménage effectivement dans ce secteur. Même principe pour tout autre besoin particulier du locataire. Par exemple, s'il est en chaise roulante il a droit à plus d'argent pour avoir un logement adapté mais seulement si le logement choisi est effectivement adapté.
  • On aura fait parvenir au futur locataire un document qu'il aura donné à son futur propriétaire lors de la signature du bail et qui lui dit à combien il a droit. Le propriétaire fera ensuite parvenir une copie du bail au gouvernement et recevra ainsi une somme d'argent de sa part.
  • Tout citoyen qu'il soit pauvre ou riche a le droit de choisir d'avoir recours à cet aide de l'État ou non. Toutefois, à la fin de l'année fiscale, il recevra un document lui indiquant quel montant le gouvernement a payé en loyers à sa place et, selon son revenu, le citoyen devra rembourser un pourcentage de cette somme avec ses impôts (100% s'il est de revenu moyen ou élevé, 0% s'il n'a pas de revenu).
  • Le propriétaire du logement est tenu d'assurer le coût du chauffage (de toute façon le locataire ne peut pas faire grand chose si son bloc est mal isolé) et de l'inclure dans le loyer
  • Toute autre subvention de l'État tient compte de l'existence de cet aide au logement et est donc réduite de la partie qui servait à payer le loyer de l'individu.
  • Les gens qui sont propriétaires de leur habitat pourrait avoir recours à une aide semblable pour payer leur hypothèque: l'État paierait une partie du montant mensuel directement à la banque.

J'ai exprimé précédemment pourquoi je pense qu'une telle mesure serait nécessaire. Cela nous permettrait d'augmenter les moyens des personnes recevant de l'assistance financière de l'État, tout en évitant à la fois les abus de quelques paresseux (qui se verront contraints de travailler s'ils veulent se payer autre chose que le strict nécessaire) et tout en rassurant les contribuables qui ont en tête ce préjugé du BS paresseux et qui sont pour cette raison peu enclin à accepter que l'on augmente leurs moyens. Tout le monde y gagne. Même principe pour le loyer. Je pense qu'il serait préférable que l'État paye le loyer directement au propriétaire plutôt que de donner de l'argent au locataire parce que les gens moins nantis sont sans doute parfois victimes de discrimination de la part de propriétaires qui ont peur qu'ils ne leur payent pas leur loyer. Grâce à mon idée, le propriétaire est assuré d'avoir au moins une partie de l'argent qui lui est dû, de sorte qu'il sera plus enclin à accepter comme locataire une personne ayant un revenu faible ou étant sans emploi.

J'exagère évidemment quand je dis que je prévois ainsi abolir la pauvreté, n'empêche que la condition des plus démunis en serait nettement améliorée. Malheureusement, les gens de gauche comme les gens de droite s'opposeront à un tel projet de société. Les seconds sont, de toute façon, en désaccord avec toute mesure sociale tandis que les premiers verront celle-ci comme une atteinte à la liberté des démunis d'utiliser l'argent de l'État comme bon leur semble, et comme une façon d'entretenir les stéréotypes sur eux. Je trouve toujours dommage de faire passer les idéologies et les symboles avant les conséquences réelles. Dommage de sacrifier la qualité de vie des plus démunis pour nous sentir, paradoxalement, comme une société guidée par de meilleurs idéaux.

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