mercredi 3 octobre 2012

Réussir sa vie

Dans mes réflexions sur l'éthique, je vous ai déjà exprimé que pour moi le bonheur était le seul but logique et désirable en lui-même. J'ai énuméré, entre autres dans mon billet sur les éthiques non utilitaristes, qu'il y avait certaines abstractions qui venaient éclipser le bonheur dans l'éthique de certaines personnes. J'aimerais ici expliciter davantage sur l'une de ces «fausses idoles», celle qu'on appelle «la réussite».

En fait, ça a plus ou moins de lien avec l'éthique, puisque la réussite est un concept qui interfère plus dans la relation qu'a l'individu avec lui-même, que dans celles qu'il aura avec autrui. Certaines personnes voient la vie comme une sorte de jeu avec des règlements précis et la possibilité de gagner ou de perdre la partie. En fait «jeu» n'est sans doute pas le terme approprié puisque ces gens trouvent cela très sérieux. Pour eux, il y a certaines choses que l'on doit faire, nous avons des devoirs à accomplir. Pas des devoirs envers une ou plusieurs personnes, des devoirs envers rien, des impératifs catégoriques. Ils découlent souvent de la morale judéochrétienne, voire d'une éthique kantienne ou aristotélicienne, bien que celui qui les suit n'a pas nécessairement cela en tête. Il ne fait que faire ce qu'on lui a dit qu'il fallait faire, sans se poser plus de questions.

Voici quelques exemples, mais ça peut varier selon les classes sociales et les régions:
  • Se trouver une job stable et payante;
  • Se mettre en couple et le rester;
  • Faire des enfants;
  • Posséder une maison et/ou un véhicule;
  • Monter dans la hiérarchie de son entreprise ou accumuler de l'ancienneté;
  • Faire de hautes études et avoir de bonnes notes;
  • Faire le plus d'argent possible;
  • Acheter des choses qui coûtent cher.

Cette conception du monde peut être dommageable pour la personne qui y adhère puisque tout «recul» par rapport à l'un de ces objectifs préétablis sera perçu comme une «défaite». Par exemple, si une personne met fin à sa relation de couple, elle verra cela comme une défaite plutôt que d'accepter que les couples ont, comme les personnes, une durée de vie limitée. Également, tout état prolongé de «stagnation» par rapport à l'un de ces buts fixes sera considéré comme une perte de temps et, par conséquent, comme un échec aussi; une perte d'avance dans la course. Ces croyances sont malsaines, non seulement à cause de la souffrance qu'elles peuvent causées avec ce sentiment de défaite, mais aussi parce qu'elles empêchent l'individu d'aiguiller sa vie dans la direction qui lui permettra réellement d'atteindre le bonheur.

Je ne suis pas en train de dire qu'aucun de ces objectifs de vie ne peuvent nous rendre heureux. Au contraire, c'est une façon comme une autre de donner un sens à sa vie. Mon point c'est plutôt que l'individu devrait se demander si ces standards imposés par la société sont les objectifs qu'il veut personnellement pour sa vie. Fondamentalement, le seul objectif de vie désirable est le bonheur. Être heureux et rendre ceux qu'on aime heureux est tout ce qui compte vraiment. Ça sonne quétaine et psycho-pop, mais c'est quand même ça. La vie n'est pas un jeu avec des règlements, on ne peut pas perdre la partie, tout ce qu'on l'on risque c'est d'être malheureux.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire