samedi 8 septembre 2012

Éthique de la chasse

Beaucoup de gens trouvent que la chasse est une activité barbare, mais cela ne les empêche pas d'être de grands consommateurs de viande. Parfois cette incohérence vient du fait qu'ils considèrent différemment les animaux chassés des animaux d'élevage. Probablement parce que les Bambi et les bébés phoques sont plus cute que les porcs ou les vaches. En fait, pour l'animal, la chasse est une activité beaucoup moins pire que l'élevage intensif. Si on compare les deux selon la perspective de la proie:
  • L'animal chassé peut passer sa vie en liberté, dans son habitat naturel, et sa mort est souvent moins douloureuse.
  • La chasse est une compétition beaucoup plus «loyale», puisque l'animal a des chances de s'enfuir. L'humain n'est alors qu'un prédateur parmi d'autres. Certains individus réussissent à ne jamais mourir de prédation, ce n'est donc pas tout le troupeau qui est génocidé comme avec les abattoirs.
  • La proximité entre le chasseur et sa proie facilite la formation d'un lien d'empathie qui fait en sorte que le consommateur de viande va davantage respecter l'animal, lui éviter de souffrir, ne pas trop en tuer, ne pas gaspiller la viande, etc.
  • Dans certaines situations, ce peut être presque nécessaire dans les cas où l'on a déjà exterminé les populations de prédateurs qui servaient à réguler les populations de proies. Évidemment, stériliser des animaux serait moins pire que de les tuer. Réintroduire les espèces prédatrices pourraient également être une alternative. Mais chasser revient alors au même pour la proie que de subir la prédation de n'importe quelle autre espèce.

Évidemment, cela dépend aussi de l'éthique personnelle du chasseur. Certains tirent sur tout ce qui bouge même ce qui ne se mange pas, tandis que d'autres ne prennent que ce dont ils ont besoin pour se nourrir. Certains peuvent prendre plaisir à faire souffrir leur proie, tandis que d'autres essayent de leur offrir une mort propre et rapide.

Personnellement, je me dis qu'une façon de rendre la production de viande plus éthique serait de remplacer les élevages et les abattoirs par des pourvoiries et des chasseurs. Ce pourrait même être des genres de réserves fauniques plutôt que des pourvoiries. On y autoriserait la chasse uniquement lorsque les scientifiques y auront remarqué une surpopulation. Le nombre de bêtes que l'on pourrait tuer serait limité de façon à ce que la population se renouvelle d'elle-même. Les chasseurs devraient payer pour avoir le droit de tuer, mais pourrait par la suite se rentabiliser en vendant leurs proies à la pourvoirie qui les revendraient dans les épiceries. On ne détruirait plus l'environnement pour nourrir notre bétail, au contraire, on préserverait l'environnement afin qu'elle nous donne de la viande. Nous ferions partie de l'écosystème. Mais il est évident que, si l'on faisait ça, la viande deviendrait un produit beaucoup plus rare, cher, que l'on ne consommerait qu'occasionnellement. Pour que cette idée soit réaliste, considérant nos habitudes alimentaires actuelles, il faudrait soit améliorer la simili-viande pour qu'elle ressemble plus à la vraie, soit développer une technologie pour fabriquer de la vraie viande à partir de cultures de cellules animales. Bref, cette idée n'est actuellement pas très réaliste.

On me demande parfois si je mangerais de la viande issue de la chasse ou d'un élevage plus éthique. Ou, si je réintégrerais la viande à mon alimentation dans l'éventualité où une nouvelle législation rendrait tous les élevages plus éthiques. Qu'est-ce que je ferais si l'on mettait en pratique l'idée que j'ai émise ci-haut? Ou, plus simplement, si l'on m'offrait un plat de viande issu de la chasse? Abandonnerai-je mon végétarisme? En fait, pour moi, tuer un animal ne doit pas être pris à la légère, ça devrait demeurer un acte de nécessité et non un loisir ou un désir gastronomique. Je suis devenu végétarien à cause des conditions actuelles de l'élevage. Ce faisant, j'ai brisé ma «dépendance» à la viande. Désormais, manger de la viande n'est plus du tout un besoin pour moi. Si les élevages avaient été plus éthiques, je ne serais probablement jamais devenu végétarien, mais maintenant que je le suis, je n'ai pas vraiment de raison de recommencer à manger de la viande. Mais probablement que, dans un monde où l'élevage deviendrait plus éthique ou serait remplacé par la chasse, j'en mangerais lors de rares occasions; si je suis reçu à souper par exemple. Autrement, je ne réintégrerai la viande à mon alimentation régulière que lorsqu'elle poussera dans les arbres ou s'il en va de ma survie.

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