dimanche 15 mars 2009

Combattre la discrimination par la discrimination

Certaines mesures existant dans le but de contrer la discrimination sont elles-mêmes discriminatoires.

Le principe de parité des sexes en est un bon exemple. Il s'agit d'engager autant d'hommes que de femmes dans une entreprise donnée. La faille de ce raisonnement est qu'il n'y aura jamais exactement autant d'hommes que de femmes parmi les candidats compétents. Il y aura donc nécessairement des gens qui seront rejetés uniquement en fonction de leur sexe.

Par exemple, supposons qu'un employeur ait 100 postes à combler et qu'il soit contraint de choisir 50 hommes et 50 femmes. À première vue, on pourrait croire que cela est égalitaire. Toutefois, il s'agit seulement d'une égalité entre groupes et non entre individus. Les groupes ne sont que des abstractions, c'est l'égalité interindividuelle qu'il faut viser. Supposons que pour les 100 postes, il y avait 200 candidats tous aussi valables, et que sur ces 200 on comptait 150 hommes et 50 femmes. On constate donc que les hommes candidats avaient une chance sur trois d'être engagés tandis que les femmes candidates étaient certaines d'être embauchées. Ainsi, uniquement en fonction du critère «sexe» un individu pouvait tripler ses chances d'embauches. On appelle cela du sexisme, de la discrimination. C'est inacceptable. Et que va-t-on nous proposer après la parité des sexes? La parité des «races», des orientations sexuelles, des groupes sanguins ou des signes astrologiques? Soyons sérieux.

Et si ça adonne qu'il y a moins de femmes dans un secteur professionnel donné, en quoi est-ce grave? En autant qu'aucune discrimination sexuelle n'ait été faite lors de l'embauche. Si un individu est trop faible physiquement pour effectuer une job précise, ce n'est pas discriminatoire que de ne pas l'embaucher, et ce même s'il doit sa faible constitution au fait qu'il soit une femme. Ce qui serait discriminatoire serait de conclure que cette personne est faible sur la seule base qu'elle est une femme.

Il y a aussi le fait que l'on crée des mouvements ou des associations pour protéger les droits d'un groupe anciennement opprimé, mais que l'on n'en crée par pour s'assurer que le groupe anciennement oppresseur ne devienne à son tour opprimé.

Par exemple, le mouvement féministe dit vouloir l'égalité des sexes et je le crois. Il y a très certainement certaines féministes extrémistes voulant que la femme domine l'homme, mais il a des extrémismes dans tout. Le problème est que l'intervention des féministes se fera seulement dans un cas où les droits de la femme sont opprimés mais pas dans un cas où ce sont les droits de l'homme (mâle) qui le seraient. Donc même s'ils prônent théoriquement l'égalité, les féministes permettent involontairement une inégalité. Si l'on s'insurge contre l'excision des fillettes et que l'on voit ça comme une oppression de la part des méchants hommes (alors que l'excision est généralement pratiquée par des femmes, sans interférences masculines), nul ne s'opposera à la circoncision des jeunes garçons et il ne viendra à l'esprit de personne que ce puisse être une oppression de la part des femmes.

On peut expliquer cela par le fait qu'autrefois le statut de la femme était jugée socialement inférieur à celui de l'homme. Donc il aurait semblé absurde à l'époque de défendre les droits de l'homme (mâle) devant ceux de la femme. Mais aujourd'hui c'est différent. Les deux sexes sont égaux. On doit maintenant permettre aux individus d'être ce qu'ils veulent sans les contraindre ou les discriminer en fonction de leur sexe. Il ne faut pas oublier que discriminer positivement c'est quand même discriminer.

Même chose pour la ligue des Noirs ou tout autre mouvement ayant pour but de défendre l'accès à l'égalité pour un groupe donné. Il aura tendance à négliger de reconnaître qu'il y a des sphères dans lesquels ce sont des membres de son groupe qui « oppriment » les autres. Ces groupes ne créent donc pas eux-mêmes de la discrimination mais n'interviennent que lorsque la discrimination est dans un sens particulier. Parfois j'ai l'impression que certains individus ne défendent les droits d'un groupe, non pas parce qu'ils croient à l'égalité, mais simplement parce qu'ils font partie de ce groupe. Lorsque leur groupe domine, le principe d'égalité ne s'applique plus. Il y a des égoïstes voulant que le plus grand nombres possible de gens leur accorde des droits, mais ne voulant concéder des droits qu'au plus petits nombre de gens possible.

Personnellement, je dirais qu'il ne devrait exister qu'un seul mouvement défendant l'accès à l'égalité pour tous. Au lieu de créer une discrimination antagoniste qui viserait l'équilibre avec la discrimination dominante, je propose une anti-discrimination qui aurait pour but de remplacer la pensée discriminatoire.

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