samedi 7 février 2009

La discrimination arbitraire

Je m'efforce d'accéder au niveau de tolérance le plus élevé qu'il soit possible d'aspirer à, mais il y a certaines formes de faiblesses d'esprit – de stupidités humaines, devrais-je dire – face auxquelles je demeure manifestement intolérant. L'une d'elle étant la discrimination arbitraire. Mais au fond, ce n'est peut-être pas si terrible de ma part; tolérer l'intolérance aurait quelque chose de paradoxal.

Je précise que je parle de discrimination «arbitraire» car une discrimination peut être légitime. Par exemple, il est logique de ne pas accorder le droit de vote aux nouveau-nés en prétextant leur incapacité à comprendre la politique, mais il serait arbitraire de faire de même pour les femmes.

Je définis la discrimination arbitraire comme le fait de présupposer qu'une chose (ou une personne) correspond à certains attributs (pouvant influer sur sa valeur ou sur ses droits), en fonction de son appartenance à un groupe (les groupes étant, par nature, des catégories totalement subjectives qu'on s'invente pour simplifier la réalité qui nous entoure et donc l'appréhender en faisant moins d'effort mental) alors que cet attribut n'est pas ce qui définit le groupe (ce qui ferait de ce raisonnement une tautologie, par exemple : «Les Noirs sont plus foncés que les Blancs.») ni un trait inhérent à l'attribut qui définit le groupe (ce qui en ferait un raisonnement logique, disons : «Les Noirs sont moins vulnérables au soleil que les Blancs.»).

L'univers est un continuum. Lorsque l'on agit comme si les groupes – que l'on s'est inventé pour diviser le monde – existaient réellement, on a une forte tendance à commettre de la discrimination. On pourra favoriser un membre de son groupe, détester une personne simplement parce qu'elle appartient à la même catégorie qu'une autre (effet de halo) ou rechercher une égalité intergroupe au détriment de l'égalité interindividuelle (parité). Je développerai sans doute plus tard sur les différentes formes de discriminations arbitraires comme le racisme, le sexisme, la xénophobie, l'homophobie et le spécisme.

Il faut prendre la bonne attitude afin d'éviter ce genre d'inclinations (souvent hérités de la tradition). D'abord prendre conscience de la vacuité empirique et sémantique des catégories. Souvent les groupes sont définis de manière très arbitraire et ambiguë. Parfois ils sont clairement définis mais ils sont insuffisants pour servir d'assise rationnelle à une forme de discrimination. Simultanément, il faut focaliser sur l'individu lui-même et sur ses attributs propres plutôt que sur les idées préconçues que l'on a sur lui. Apprendre à connaître personnellement quelqu'un nous permettra de vaincre nos préjugés.

Je reviendrai sans doute plusieurs fois sur ce sujet dans ce blogue.

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