samedi 21 février 2009

Éthique du gourou

Peut-on, au nom de l'éthique diffuser un énorme mensonge dans le but de pousser les gens à adopter un comportement moins maléfique? Est-il moral de partir une religion véhiculant de bonnes valeurs mais une conception erronée de la réalité?

Je me dis que lorsque l'on tente de «répandre le bien» à petite échelle, on doit prioritairement utiliser la persuasion, si ça ne marche pas on utilise la manipulation et, en dernier recours, la coercition. Maintenant si l'on applique cette logique dans une tentative de répandre le bien à grande échelle, si l'on n'arrive pas à convaincre beaucoup de gens grâce à la seule persuasion, il est normal que l'on essaie la manipulation. Ainsi, c'est logique que des gourous bienveillants colportent des histoires fabuleuses qu'ils savent fausses mais qui auront un effet bénéfique pour ceux qui les entendront, ou qui convaincront d'éviter le mal et le mauvais.

Toutefois, je réprouve tout de même ce genre de pratique. Entre autres parce que la «bonne parole» diffusée par ce gentil gourou risque d'être corrompue par de mauvais messagers (opportunistes ou négligents), surtout après la mort du gourou. Il est inévitable que son message sera déformé un jour ou l'autre, en fonction de la perception et des intérêts des individus qui lui serviront de vecteur. Mais la raison principale qui me pousse à dédaigner ce genre de pratique, est que ce faux prophète se fera nécessairement «ennemi de l'intelligence». En effet, pour maintenir intact ses dogmes, l'obscurantisme sera nécessaire. Ce grand prêtre autoproclamé devra ajouter mensonges par-dessus mensonges et inhiber toute tentative de remise en question de la part de ses ouailles. Tout être doué de raison naissant dans sa religion sera systématiquement persécuté jusqu'à ce qu'il se conforme ou s'exile. Les peuples voisins, même s'ils obéissent à une éthique semblable, seront considérés en ennemis pour la seule raison qu'ils n'ont pas les mêmes croyances. Ultimement, le résultat sera quelques «bergers» rationnels condamnés à vivre dans le mensonge et une tonne de «moutons» qui s'entretuent pour savoir quels bergers est le bon.

Je pense qu'en faisant la promotion de l'intelligence avant celle du bien, on évite ce genre de dérapage. On s'assure que l'individu, au lieu de suivre aveuglément des dogmes, comprenne son éthique, ce qui lui permettra de l'appliquer de la bonne manière, et de la diffuser sans la déformer. Je pense qu'il y a plus de mal causé par l'ignorance que par une réelle malveillance. Toute éthique raisonnée devrait donc honnir l'ignorance. Donc, même si cela part d'une bonne intention, fonder une religion révélée c'est mal.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire